Mun-gi Yang
En 2012, l’artiste-sculpteur a présenté « Story of LUXURY STONE » au Musée d’art d’Okgwa, en Corée du Sud. Cette exposition révélait l’attention toute particulière qu’il porte à la signification et au symbolisme du sac de luxe en exploitant les potentialités esthétiques de la pierre.
Dans cette exposition, 45 œuvres proposaient de s’interroger sur la nature de l’objet et de l’être humain et sur la structure des mécanismes sociaux dans l’élaboration des désirs contemporains. Ces Luxury stones, bien qu’apparaissant dans un premier temps comme des œuvres parodiques sur les contrefaçons chinoises des sacs de grandes marques telles que Louis Vuitton ou Chanel, vont bien au-delà d’une simple imitation ou représentation de ces objets. Par les caractéristiques mêmes de ces objets en pierre, la fonction utile du sac disparaît. En perdant tout caractère fonctionnel, l’objet est désormais transformé en icône. Seul le désir de possession, lié à l’identité visuelle unique de chaque marque, est conservé. Il est ici sublimé par la pierre, d’une part polie et gravée comme s’il s’agissait d’un bijou, d’autre part conservant sa nature brute et intemporelle propre à la tradition statuaire. Le détournement porte donc aussi bien sur l’objet moderne de luxe que sur le matériau. Le poids de ces Luxury stones suggère tout autant le caractère à la fois massif et fétichiste de la consommation des marques de luxe en Asie, que les sacrifices humains qu’implique le processus de production et d’acquisition des marchandises de luxe. Ces œuvres questionnent la sourde persistance, à travers l’économie de marché moderne, de toute une tradition de contraintes et d’impératifs liés à la réussite sociale.« Les pierres sont fascinantes, elles sont désirables. Des pierres les plus lourdes, dures et rugueuses à celles dont l’usure du temps anéantit la forme, elles possèdent une variété de formes et de textures incommensurable. C’est peut-être pour ça que je ne m’en lasse pas. Mon travail a modifié mon regard sur les pierres. Je veux aujourd’hui aller à l’encontre de l’idée que la pierre n’est pas un matériau suffisamment contemporain et maximiser son potentiel plastique caractéristique pour lui donner du sens dans une réflexion artistique contemporaine. »