Araki
Nobuyoshi Araki (né le 25 mai 1940 à Tokyo) est un photographe japonais.
Diplômé du département d'ingénierie de l'université de Chiba en 1963, il reçoit la même année le prix Taiyo pour Satchin, du nom du chat d'une petite fille. En 1971, il publie une série distribuée en privé, "Senchimentaru na tabi" (Voyage sentimental), où sa vie privée, et en particulier son mariage et sa nuit de noces, apparaissent sous la forme d'un journal. À première vue banales, ces photos sont en fait des mises en scène. En 1972, lors d'une performance, le Super-Photo concert, où les photos tirées de cette série sont photocopiées et envoyées par la poste à des destinataires choisis.
Les thèmes de ses photographies sont Tokyo, le sexe et la mort. Tokyo, car c'est sa ville natale. Il considère que la photographie est l'amour du sexe et de la mort. Pour lui, ces deux désirs sont inséparables. Il photographie aussi beaucoup de femmes nues, à commencer par son épouse. Pour lui, la nudité est dans le portrait et non dans le corps. Il photographie aussi des fleurs, métaphore du sexe féminin.
Il indique la date sur chacune de ses photographies. Il signifie que le cliché est un moment du présent, entre le passé et l'avenir.
Il réalise une série de photographie qui se démarque par les déformations apportées aux clichés. En effet, le tirage des épreuves s'est effectué à très haute température. Ensuite, le cliché est refroidi. Ensuite, il est accroché à l'extérieur. Ainsi, il est transformé par la lumière et les intempéries. De ce fait, ses photos sont le produit du temps présent.
Ses travaux lui ont par la suite apporté une grande notoriété auprès du public japonais et international : ses photos, toujours accompagnées de textes sur le mode d'un journal intime et d'un essai, étaient à l'avant-garde des tendances artistiques du moment. Artiste prolifique, il a décliné de nombreuses séries de photos et d'essais, rapidement auréolée d'une atmosphère sulfureuse et de la figure mythique de l'artiste. Après la mort de sa femme, de nombreuses photos de prostituées, de jeunes étudiantes nues, de scènes ouvertement sexuelles ponctuent ses travaux.
Araki a inauguré un genre de démarche photographique inédit, où l'objectif suit au plus près la vie de l'artiste dans une veine auto-fictive agencée avec une grande maîtrise. C'est, avant l'heure, une brèche dans ce médium originellement cloisonné, dont bien des photographes plasticiens ou des artistes contemporains suivront la trace : Sophie Calle, Roman Opalka et d'autres.