Né en 1958 à Reading, en Pennsylvanie, Keith Haring va d’abord suivre des cours de dessin publicitaire à Ivy School of Professional Art de Pittsburgh avant de choisir de s’adonner à sa véritable passion : le dessin. Il part pour New York où, nonobstant des cours à la School of Visual Arts, il s’essaie à différentes disciplines : peinture, installations, collages, vidéo et, bien sûr, le dessin, qui demeure son mode d’expression favoris et qu’il réalise sur maints supports, du corps au métal, en passant par la feuille ou les objets trouvés. Travaillant sur la fulgurance du geste et de la pensée, il ne fait jamais de croquis préparatoire.

 

Parcourant le dédale des rues new-yorkaises, au tournant des années 1980, il entre en contact avec une culture alternative bouillonnante qui développe son expression sur de nouveaux territoires : métros, rues, entrepôts et toits, ces précurseurs du street art et autres artistes undergound se nomment Basquiat ou Kenny Scharf et fréquentent tous le Club 57, sans cesse revivifié d’expositions et autres performances. C’est d’ailleurs dans ce haut lieu de l’avant-gardisme américain que va naitre le fameux « Radiant Baby » de Keith Haring, pictogramme symbole de vie, de joie et d’espoir. Soucieux de toucher un public plus vaste, inspiré par le graffiti et le Bad painting, le jeune artiste va alors investir les murs du métro avec ses « Subway drawings », dessins à la craie sur des panneaux publicitaires recouverts de papier noir.

 

En 1982, le galeriste Tony Shafrazi lui offre sa première exposition personnelle (pour l’essentiel des peintures sur bâche de vinyle), faisant par la même de sa galerie la représentante du travail de Keith Haring. Il développe, à partir de 1984, une symbolique colorée, liée au Pop Art et au monde des médias, ainsi qu’une iconographie unique constituée de formes synthétisées soulignées de noir, répétées à l’infini sur tout type de supports. Son style aisément identifiable doublé de son attraction pour des supports hors-normes, rendant son travail accessible à tous, confèrent à Keith Haring une notoriété qui n’a dès lors cessé de croitre et ne s’est depuis jamais démentie. Très engagé socialement, et pour des causes aussi vastes et diverses que la lutte contre le racisme et le sida, l’homophobie ou le nucléaire, il tend à offrir des sujets qui parlent à chacun : bébés, silhouettes androgynes dansantes ou imbriquées, chiens, serpents, anges, nous parle de vie, de mort, de joie, de sexe, mais aussi de violence et d’oppression.

 

En 1986, Keith Haring ouvre son « Pop Shop » au cœur de SoHo, où il vend directement son art, des posters et t-shirts aux dessins et éditions – l’idée étant que, parce que chaque objet est un morceau choisi de l’expression artistique de son auteur, il s’agit d’un art tout aussi noble que celui exposé dans les musées. (La critique verra d’un mauvais œil cette approche mercantile, ce qui n’empêchera pas Haring de continuer à exposer son travail de la sorte, et de recevoir le soutien de grands noms comme Andy Warhol.) Par ailleurs, il exporte son travail outre-Atlantique, participant à l’exposition « Tendances à New York » au Musée du Luxembourg et à la Biennale de Venise en 1984, puis à l’exposition « Figuration libre – 5/5 France/USA » au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, aux côtés de Robert Combas et Hervé Di Rosa. Les rues de Sydney, Rio, Melbourne, Berlin et Pise vont se voir ornées de ses fresques murales, et il va répondre à des prestigieuses commandes, à l’instar de la fresque de l’Hôpital Necker.

 

Keith Haring meurt du sida en 1990 mais demeure une figure centrale de l’art contemporain, emblématique de la naissance et de l’essor du street art et du mouvement de la figuration libre.