Né en 1941 à Château-Arnoux-Saint-Auban, dans les Alpes-de-Haute-Provence, Bernar Venet commence sa carrière en 1958, quand il s’installe à Nice et devient l’assistant d’Arman. Face au succès rencontré par ce dernier outre-Atlantique, Venet se lance dans l’aventure américaine, embarquant pour New York en 1966 et s’installant définitivement dans la Grosse Pomme en 1967. Il va y peindre ses premières toiles à partir de textes (trouvés à l’université de Columbia) et de diagrammes mathématiques, intégrant automatiquement à son développement artistique la rationalité scientifique. Rompant avec les codes esthétiques prévalant de part et d’autre de l’océan – soit le lyrisme européen et l’expressionnisme américain – il va élaborer un nouveau système de repères visuels.

 

1967 marque sa rencontre avec le courant « minimaliste » et les créateurs de « structures primaires » : Donald Judd, Robert Smithson, Sol LeWitt, Michael Heizer, qui vont le marquer par leur style direct et leur radicalité, participeront aussi de l’expansion de sa notoriété. En effet, l’intégrant à leur groupe, ces artistes vont propulser le jeune Venet sur le devant de la scène artistique new yorkaise, le conduisant à exposer dans les galeries les plus en vue de Manhattan comme la Dwan Gallery, la Paula Cooper Gallery ou encore chez Leo Castelli. Et un article dans Art International d’alors de le citer parmi les principaux représentants de l’avant-garde américaine minimale et conceptuelle.

 

La reconnaissance que va lui offrir l’Amérique conduit à l’ouverture progressive des portes des institutions européennes : exposant dans nombre de villes allemandes dans les années 1970, il va aussi donner des cours à la Sorbonne, publier ses premières monographies à Paris et Milan, faire l’objet d’un film de Jean-Pierre Mirouze, « Œuvre terminée, œuvre interminable », suivi d’une exposition personnelle de ses œuvres conceptuelles à l’Institute of Contemporary Art de Londres. Il va même représenter la France à la XIIIe Biennale de Sao Paulo.

 

La ligne, d’abord en deux dimensions puis en reliefs de bois, va prendre une place prépondérante dans son travail, d’autant plus lors de son passage à la sculpture. Réexploitant l’ancienne série sur toile des « Arcs » et des « Angles », Venet en revient à l’une de ses sources premières d’inspiration : la géométrie euclidienne et ses figures parfaites. Avançant dans les années 1980, émergent ses « Lignes indéterminées », basées sur des théories mathématiques plus récentes telle celle du chaos, des catastrophes ou de la science de la complexité. De cet esprit de néant naissent des sculptures définissant elles-mêmes leur espace, le produisant plutôt que de se subordonner à lui, atteignant par là même une relative forme d’autonomie artistique. L’artiste, en quelque sorte, va ainsi trancher la question de la nature de l’espace, arguant qu’il n’y a pas d’espace a priori, qu’il n’existe ni avant ni en dehors des objets qui le peuplent – ces objets mêmes qui déterminent les réactions du spectateur.

 

Bernar Venet va beaucoup travailler l’acier (parfois même par tonnes !), composant des sculptures monumentales en plusieurs pièces qu’il installe dans des espaces urbains et des collections publiques sur l’ensemble du globe, à l’instar de Nice, Paris, Tokyo, Pékin, Berlin, Austin ou encore San Francisco. Ses expositions vont aussi parcourir la planète – et l’artiste de ne cesser de voir sa renommée croître sur la scène artistique internationale. Si la France peine encore à reconnaitre le talent de Venet, il a néanmoins eu l’occasion d’exposer ses œuvres monumentales dans le parc de Versailles en 2011, et a installé sa fondation au Muy (Var), où il offre au public maintes pièces d’art conceptuel et minimal, essentiellement américain.

 

A Paris, Bernar Venet est aujourd’hui représenté par la Galerie Brugier Rigail.