Hongsu han, Ilhwa hong, Gwangbum jang, Hyoseok jin, Tschang-yeul kim, Eu lee, Lee bae, Lee ungno, Inhyuk park

[SEOUL] Les Parisiens

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7 - 29 Octobre 2022

Préface 


Mael Bellec
Musée
Cernuschi, Conservateur responsable des collections chinoises et coréennes
 



Le rôle de la scène artistique française dans le développement de l’art coréen contemporain d’après-guerre et le pouvoir d’attraction qu’exerce alors Paris sur une génération d’artistes désireux d’entrer en contact direct avec l’art occidental sont aujourd’hui bien connus. Des années 1950 au début des années 1960, des peintres tels que Rhee Seund Ja, Kim Whanki, Nam Kwan, Bang Hai Ja ou Han Mook viennent effectuer des séjours en France ou s’y installer définitivement. Si certains de ces plasticiens semblent peu affectés par les styles qui ont cours dans ce qui est alors considéré comme une des capitales mondiales de l’art, la majorité d’entre eux tentent, d’une manière ou d’une autre, de s’intégrer au sein de l’école de Paris.


Cependant, ce moment de relative convergence entre les répertoires français et coréens dure peu. L’agonie de l’école de Paris met fin, en France, à l’existence d’une scène artistique unifiée à laquelle il pouvait être tentant de se rallier, tandis que l’installation de la dictature en Corée réduit les opportunités de voyage. Dès lors, les relations artistiques entre ces deux pays changent de nature. Elles ne peuvent s’écrire dorénavant qu’à partir de trajectoires individuelles, trop rares et singulières pour pouvoir être véritablement représentatives. Il faut en effet attendre les années 1980 pour voir à nouveau des artistes coréens arriver en masse à Paris. Après les pics d’expatriation liés à l’évolution de la situation politique dans la péninsule, ce flux se stabilise à un étiage plus faible et perdure jusqu’à aujourd’hui. Ce sont ainsi plusieurs centaines de plasticiens coréens à être passés par la France depuis les années 1950.


L’exposition organisée par la galerie Brugier-Rigail, Gallery Woong et Bon Gallery rappelle cette longue histoire d’échanges à travers une sélection d’artistes venus s’installer en France entre 1959 et les années 2000. Les œuvres de grands maîtres incontestés de la peinture du XXe siècle, tels que Lee Ungno et Kim Tschang-Yeul, côtoient ainsi celles d’artistes confirmés, comme Lee Bae et Han Hongsu, et de créateurs plus jeunes, en l’occurrence Jang Kwang Bum, Jin Hyo Seok, Lee Eu, Park Inhyuk et Hong Ilhwa, qui sont en train de bâtir progressivement leur carrière à la fois dans leur patrie et dans leur pays d’accueil. Cette sélection est nécessairement arbitraire, mais la grande variété des techniques employées et des styles mis en œuvre rappelle à quel point la France, si elle ne peut plus offrir un modèle dominant à suivre, reste un cadre qui offre aux artistes, par ses institutions académiques et son dense réseau de galeries, de centres d’art et de musées, la possibilité d’une expression et de recherches personnelles fructueuses. Celles-ci contribuent à enrichir une partie de la scène artistique coréenne et à continuer une longue histoire d’allers-retours entre Paris et Séoul.