Claudia Walde, alias MadC, commence à marquer les rue d’Allemagne de ses graffitis dès son adolescence, dans les années 1990, offrant alors à l’œil du passant des natures mortes. C’est en 1996 qu’elle amorce l’utilisation de la bombe aérosol, tirant ses premières inspirations de lettrage des livres sur le graffiti allemand.

 

Après des études d’art et de design (à Halle, en Allemagne, et à Londres), fondamentales pour la construction de son style graphique, elle va s’adonner à des œuvres plaçant ses lettrages au cœur de décors fourmillant de détails, mettant souvent en scène des personnages de science-fiction. Progressivement cependant, ces graffitis narratifs vont céder le pas face à des représentations plus abstraites où l’imagination trouve davantage sa place.

 

MadC réalise en 2010 une œuvre qui va propulser sa renommée sur la scène du street art international : le 700-Wall, une fresque monumentale courant sur près de 700 mètres le long de la ligne ferroviaire qui relie Berlin et Halle. À l’heure actuelle, il s’agit encore de la plus grande peinture réalisée par un seul artiste en tout juste 4 mois. Relatant le parcours d’un writer (terme désignant les praticiens de l’art du graffiti), la fresque développe, en multiples scènes, le processus créatif depuis la conception des croquis à la réalisation des lettrages, en passant par l’élaboration méticuleuse d’un graff, l’ensemble baignant dans une atmosphère fantastique. La jeune street artist y a, par ailleurs, trouvé le moyen d’y inscrire son blaze (sa signature) plus d’une centaine de fois, et par le prisme d’autant de graphismes.

 

Le style de MadC a progressivement muté : du trait sombre des graffitis du début de sa carrière, dont 700-Wall apparait comme une parfaite illustration, elle s’est acheminée vers un graphisme plus délicat, féminin et assumé, entre abstraction et déstructuration, concomitant à son passage de la rue à l’atelier. Tout en conservant la vivacité du graffiti traditionnel, son travail reflète davantage ses créations de jeunesse autour de l’aquarelle, mettant en exergue son attrait nouveau pour les jeux de couleurs et de transparence. « J’utilise des coups calligraphiques de la même manière que si je composais un graffiti. L’essence est la même que dans la rue, seule l’esthétique est différente. »

 

MadC est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages autour du graffiti et du street art, symptomatique de son étude méticuleuse du sujet, comme Sticker City – Paper Graffiti Art, publié en 2007, ou Street Fonts – Graffiti Alphabets From Around The World, paru en 2011. Solidement ancré dans la culture graffiti, fort de ses assauts vers l’abstraction, son travail fait aujourd’hui de MadC une actrice de l’art urbain au talent internationalement reconnu.

 

A Paris, MadC est représenté par la Galerie Brugier-Rigail, chez qui elle a fait son premier solo show en novembre 2015.