En 1965, César découvre la mousse de polyuréthane qui, travaillée et versée librement, s’étend et gonfle dans des proportions étonnantes. Les premières expansions, réalisées en public à l’occasion de happenings, sont découpées en morceaux, distribués à l’assistance. Cet éclatement de la sculpture en fragments à emporter la prolonge encore, en quelque sorte, dans le temps et l’espace, au-delà de la forme figée qu’elle a été un moment et au-delà du caractère éphémère de l’événement. En 1970, César recherche un procédé qui permette de pérenniser les expansions alors que la fragilité du matériau s’y prête mal. Il recouvre la mousse de polyuréthane successivement d’une couche de résine de polyester, de laine de verre et de laque acrylique. La surface, poncée et vernie, lisse et nacrée, à l’image de l’ Expansion n° 14 , semble vouloir préserver quelque chose de la fragilité initiale de la matière. La forme obtenue varie selon la manière de verser la mousse (plus ou moins vite, plus ou moins haut) et selon le type utilisé (plus ou moins dense). La réaction chimique qui est à la base du principe de l’expansion fournit à César l’occasion de découvrir que le matériau lui-même peut secréter sa forme et, pour une part, se substituer au sculpteur, comme précédemment avec les compressions. À la quasi-géométrie des compressions s’oppose la mollesse organique des expansions, au caractère compact et vertical des premières répond la liberté de la forme des secondes, qui prennent littéralement possession de l’espace.




Alice Fleury


Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007